298 L’APOGÉE DU TRAVAIL MÉDIÉVAL
tissant, ou en les mettant en.valeur (droit d'aprision ou de
conquét). Dans les anciens pays germaniques, Pays-Bas,
Angleterre, Allemagne, cessèrent en général les partages
périodiques des terres de labour. Les communautés de
village aliénèrent souvent les terres indivises. De l’ancien
collectivisme agraire, il ne subsista plus que des vestiges,
à savoir les communaux, marches et devèses, composés en
général de sols peu susceptibles de culture, sur lesquels les
paysans, de l’aveu de l’État et des seigneurs, purent con-
tinuer à exercer des droits d'usage.
La crise de la propriété ‘seigneuriale. — La propriété
seigneuriale de son côté se trouva singulièrement
atteinte. Au moment même, où la classe militaire
tendait à s’organiser en noblesse ou. caste fermée
héréditaire, sa fortune foncière, principale base de son
influence sociale, diminuait. Dans beaucoup de pays
d’Occident, elle perdit en effet, avec ses prérogatives poli-
tiques, une part des ressources qui en dérivaient, telles que
les droits de justice. Mais ce furent surtout des causes
sociales et économiques qui amenèrent la crise de la pro-
priété féodale. Dans la plupart des États, en effet, la terre
noble, d’abord inaliénable et impartageable, devint suscep-
tible d’aliénation et de partage. Elle se divisa à l’infini.
On vit en Italie des domaines féodaux morcelés entre sept,
dix, quelquefois 100 copartageants ; il y eut en Languedoe
des fiefs sur lesquels vécurent jusqu’à 50 gentilshommes.
La pauvreté força un grand nombre de détenteurs de ces
terres à s’en dessaisir progressivement. D'ailleurs, la pro-
digalité, le gaspillage effréné des membres de la classe
féodale, leur goût du luxe et des aventures guerrières,
leurs querelles et leurs procès les acculèrent de bonne heure
aux expédients ruineux, aux emprunts sur hypothèque
ou moyennant rentes foncières, qui les acheminaient rapi-
lement vers l’aliénation définitive de leurs biens.
D'autre part, les féodaux, étrangers en général à la Drati-