ÉMANCIPATION DES CLASSES - 309
les charges injustifiées, appelées exactions eb mauvaises
coutumes, furent abolies, de même que celles qui rap-
pelaient le servage, notamment la capitalion, avec ou
sans indemnité de rachat. Les autres, les redevances
réelles qui représentaient une sorte de fermage, les
cens, les champarts, les terrages, furent parfois rachetées
en partie, le plus souvent rendues invariables ou con-
verties en rentes pécuniaires, de sorte que leur poids
diminua à mesure que croissait le revenu de la terre et
que baissait la valeur de l’argent. On fixa, on transforma,
on limita les dimes, les cadeaux obligatoires (salutes), les
prestations auxquelles le paysan était astreint. La corvée
arbitraire fut abolie ou rachetée ou remplacée par des
taxes en argent. Le plus souvent, on limita le nombre, la
durée, on fixa les conditions des journées de travail dues
par les vilains. En Beauvaisis, exceptionnellement, on vit
des corvéables ne plus fournir qu’une journée de main-
d’œuvre par an, outre trois journées d’attelage. Fréquem-
ment, le corvéable dut être nourri par le propriétaire. La
taille ou queste fut tantôt supprimée, tantôt remplacée par
un impôt fixe. On perçut celui-ci par personne ou par
feu, en vertu d’un abonnement, proportionnel à la
fortune, d’après un taux invariable et modéré. Les aides
étaient rachetées ou abolies ou transformées en rede-
vances fixes, ou limitées, de même que les monopoles sei-
gneuriaux, si nuisibles à la Hiberté économique, et que les
droits de cireulation.
Les populations rurales obtinrent des franchises com-
merciales, la liberté du trafic dans leurs foires et leurs
marchés. On leur garantit la fixité des poids et mesures
et parfois celle des monnaies. Dans le’ Midi, on leur
octroya le droit de chasse, de pêche et de garenne.
Elles se firent reconnaître des droits d’usage avantageux
sur les biens communaux, parfois même le droit d’appro-
priation moyennant défrichement. Les privilèges abusifs
que le seigneur exercait en vertu de ses droits de souve-