Full text: Le travail dans l'Europe chrétienne au moyen âge (Ve-XVe siècles)

84 LE TRAVAIL PENDANT LE HAUT MOYEN AGE 
transit et celui d'exportation, il put donner à la circula- 
tion commerciale une ampleur que les États occidentaux 
furent impuissants à atteindre. Pendant six cents ans, le 
commerce de Byzance garda un essor incomparable. Des 
seuls droits de marché et de douane prélevés à Constan- 
tinople, le Trésor impérial retirait au XI° siècle un revenu 
annuel de 7.300.000 sous d’or (un milliard de franes). 
Pourtant, la politique commerciale de l’État, inspirée de 
traditions surannées ou de préoccupations fiscales, gênait 
singulièrement les échanges. Le gouvernement s’était 
attribué le monopole de certains commerces, tels que ceux 
les céréales et de la soie. Il prohibait l’exportation de 
divers produits, tels que les étoffes de grand luxe, les 
métaux précieux, de même que celle de nombreuses mar- 
chandises étrangères. D’autres articles, par exemple les 
savons de Marseille, étaient simplement frappés de droits 
d’entrée. On percevait d’autres droits à la sortie. À l’inté- 
rieur, des taxes étaient établies sur les achats et les ventes. 
Elles avaient toutes un caractère plus fiscal qu’écono- 
mique, et c’était leur multiplicité aggravée par les tracas- 
series des agents du fise qui les rendaient surtout gênantes. 
Mais la faute la plus grave que commit l’Empire byzantin 
fut de laisser aux étrangers en quelque sorte le monopole 
des importations et des exportations, au lieu de stimuler 
l'effort des nationaux, dont la paresse et la passivité 
s’accentuèrent. Les empereurs avaient éru inspirer ainsi 
à ces étrangers, attirés sur les rives du Bosphore par les 
besoins du commerce, le respect de la grandeur et de la 
richesse de Byzance. Ils préparèrent de cette façon, sans 
le vouloir, la voie à lessor commercial des Barbares 
d'Occident qu’ils méprisaient et redoutaient à la fois. Ils 
paralysèrent à la longue le commerce national, en le rédui- 
sant au rôle de courtier passif, et firent la fortune des 
jeunes nations commerçantes qui leur servirent d’inter- 
médiaires. La politique byzantine avait besoin des étran- 
gers et cependant se méfiait d’eux, Aussi les accueillait-
	        
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