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avait nommées un peu ambitieusement gymnases scientifiques, s’élevait à un
degré qui devait permettre aux élèves, qui la recevaient en entier, d’être reçus
aux instituts polytechniques.
Mais la différence d’origine et de préparation des élèves de, ces écoles appor
tait un obstacle sérieux à la marche de l’enseignement, et l’on reconnaissait
aussi que, si les élèves venus aux instituts polytechniques par les gymnases lit
téraires y semblaient d’abord inférieurs aux autres pour l’étude des sciences, iis
y reprenaient généralement la supériorité sur ceux des gymnases scientifiques.
On reprochait en outre aux élèves provenant de ces derniers établissements
de ne posséder qu’une instruction littéraire trop incomplète, de ne pas savoir
exprimer convenablement leur pensée dans un style suffisamment clair et élevé,
d’être à la fois communs par la pensée et par ( expression.
Déjà, depuis cinq ans, le conseil des ponts et chaussées de Bavière avait dé
cidé qu’il n’admettrait plus dans le corps que des élèves qui, avant d’entrer à
l’institut polytechnique, auraient fait des études complètes aux gymnases litté
raires.
L’administration des mines, de son côté,' avait toujours eu la même exi
gence.
L’un des hommes distingués qui, depuis de longues années et dès ( organisa
tion de l’enseignementin dus trie! en Bavière, se sont occupés de cette importante
question, nous exposait, à notre passage à Munich, la marche de s es idées. Ami
fervent des sciences, qu’il cultive avec succès, il était persuadé que leur élude,
l’habitude d’en suivre la méthode, d’en exposer, d’en appliquer les résultats,
devait, tout aussi bien que la culture des lettres, développer l’intelligence et
conduire à l’habitude de rendre clairement sa pensée par la parole ou par le
style, en même temps qu’elle pouvait élever l’ordre des idées.
Professeur de chimie, de physique et d’histoire naturelle dans l’une des pre
mières écoles industrielles du pays, il y avait soutenu cette opinion, qui ne con
tribua pas peu à le faire nommer professeur à l’institut polytechnique de
Munich, en même temps qu’il l’était à l’école industrielle. Dans le premier de
ces établissements, il eut alors sous les yeux les élèves sortis de l’école indus
trielle ou gymnase scientifique, et ceux qui provenaient du gymnase littéraire,
il ne tarda pas, nous assurait-il, à reconnaître qu’en effet si, à leur début, les
élèves formés par les éludes scientifiques paraissaient plus aptes à en suivre les
applications, ceux qui venaient des gymnases littéraires, après des études com
plètes, ne tardaient pas à se montrer supérieurs.
Cette expérience personnelle, fruit de longues et consciencieuses observa
tions, a rallié cet homme distingué à l’opinion que la culture des lettres donne