LA PUISSANCE MARITIME DE l/ANGLETERRE. I97
tenue de développer son influence au dehors sous peine de
s’acheminer rapidement vers son déclin.
M. Paul Cambon, notre représentant dans le Royaume-
Uni, est un de ces patriotes éclairés dont la pensée puissante
et réfléchie scrute volontiers les questions les plus diverses
et ne dédaigne pas de s’attarder à l’examen des problèmes
techniques, du moment que l’intérêt de notre pays est en
jeu. Je savais avant même d’avoir eu l’honneur d’être reçu
par lui que l’objet de mon voyage ne le laisserait pas indif
férent ; je connaissais son esprit sagace et hardi, et j’avais
des raisons de croire que sa bienveillante approbation serait
acquise à toute idée de réforme ayant pour objet le dévelop
pement du commerce maritime français. Divers traits de sa
carrière diplomatique accusent en effet son souci constant
il’étendre autant qu’il est en son pouvoir l’influence fran
çaise et de secouer, dans la mesure... diplomatique où il le
peut, l’inertie coutumière des intéressés. Qu’on me permette
à ce sujet, avant de fixer brièvement le souvenir de ma visite
à M. Paul Cambon, de rapporter l’anecdote suivante dont
je puis garantir l’authenticité.
On sait qu’avant d’être nommé représentant de la France
à Londres, M. Cambon occupa le poste d’ambassadeur à
Constantinople. La Chambre de commerce française de cette
ville publie un Bulletin où sont naturellement discutées
toutes les questions propres à intéresser ses membres. L’une
des plus importantes pour un commerçant est assurément
celle du transport de ses marchandises. Or, le Bulletin se
vit un jour obligé de constater que si les compagnies alle
mandes multipliaient les efforts pour seconder le dévelop
pement de leur commerce national avec la Turquie et les
pays balkaniques, il n’en était pas de même Messageries
maritimes. L’indolence de cette compagnie portait à nos
compatriotes un incontestable préjudice. Les réclamations