L’INDUSTRIE ET ‘LE COMMERCE EN OCCIDENT 135
échanges auxquels l’économie. familiale et domaniale ne
peut pourvoir, c’est-à-dire pour les rares produits naturels
et fabriqués, qui sont des objets de luxe trop chers pour
la masse des consommateurs pauvres de POceident. C’est
seulement à l’époque lombarde et carolingienne que cette
situation se trouva modifiée par l’ouverture de relations
plus faciles avec les Empires byzantin et arabe, et acces-
soirement par l’activité que déployèrent les ateliers des
grands domaines, qui purent fournir au commerce le léger
excédent de leur fabrication. Les souverains et les corps
ecclésiastiques assurèrent au trafic une certaine protec-
tion. Ils essayèrent d’améliorer la circulation et de la
régulariser, en poursuivant les accapareurs, les spécula-
teurs, les usuriers, en édictant des lois restrictives de
certaines exportations, telles que celle des céréales, en
fixant le prix de certains produits. Mais leur intervention
incohérente et parfois maladroite n’eut qu’une faible
action et quelquefois qu’une influence nuisible sur la
renaissance commerciale éphémère de cette période.
Caractère du commerce à l'époque carolingienne. —
Pourtant, une classe commerciale s’organisa timide-
ment. Le commerce ambulant, le colportage se développa
à côté du commerce local ou régional sédentaire. Les
germes du commerce international apparurent avec le
trafic des articles de luxe, qui s’établit entre l’Occident
d’un côté, Byzance et les Arabes de l’autre, et dans lequel
l’énormité des gains compensa l’étendue des risques. On
trouve en effet à l’époque carolingienne, non seulement
des détaillants et des colporteurs, mais encoré des mar-
chands en gros (negotiatores), tels que ces trafiquants de
produits du Levant (negotiatores transmarini), dont parle
la loi des Visigoths, ou que ces merciers vendeurs d’ar-
ticles de luxe coûteux (mercemanni cariorum rerum mer-
catores) dont il est question dans d’autres textes. Ils ont
déjà à Paris leur tien de réunion (domus), ailleurs leur rue,