136 LE TRAVAIL PENDANT LE HAUT MOYEN AGE
comme à Saint-Riquier ou à Verdun, outre leurs boutiques
(stationes) et leurs bancs aux marchés. Ils sont groupés en
Associations de défense mutuelle (gildes) contre la violence,
et d’assurance réciproque contre les risques de mer, de
spoliation et d’incendie. Ils partent en caravanes avec
leurs bateaux ou leurs charrois et leurs Cargaisons, s’ar-
rêtent aux foires, ont leurs entrepôts (emporia) dans les
principaux ports ou villes d’étape. Is emmènent avec eux
leurs agents ou leurs esclaves, voire même des voyageurs
et des passagers. Les clercs, auxquels le commerce est
interdit, les commanditent volontiers. Les princes, notam-
mént au delà du Rhin, leur fournissent des escortes
armées. D'ailleurs, les marchands portent la lance et
l’épée. Il n’est pas rare qu’ils aient obtenu des privilèges
d’ordre fiscal ou juridique, qui autorisent leur séjour,
leurs opérations, garantissent leur sécurité, fixent leurs
redevances, spécialement chez les Visigoths et les Francs
Un grand ‘nombre de ces négociants sont des Orientaux,
Byzantins ou Syriens, qui forment de véritébles colonies
en Italie, en Espagne, en Gaule, notamment à Ravenne,
à Marseille, à Narbonne, à Bordeaux, à Tours et à Paris.
D’autres sont des Juifs qui vont jusqu’au fond des pays
celtiques vendre des épices et acheter des esclaves ; ils
affluent surtout dans les cités espagnoles, languedo-
ciennes, provençales; on en trouve même à Paris, à Cler-
mont et à Orléans. À leur tour, les Occidentaux s’initient
au grand commerce. Dès le vrr siècle, on voit des mar-
chands lombards aux foires de Saint-Denis, et au rx® les
Vénitiens obtiennent de Charles le Gros le privilège de 883.
De leur côté, les négociants gallo-romains se hasardent
à faire le commerce avec l'Irlande, la Germanie et les
pays slaves, tandis que les Frisons se rendent maîtres du
trafic de la Rhénanie et des Pays-Bas.
Par l'intervention du grand commerce, le crédit com-
mence à s'organiser. ‘Malgré les interdictions ecclésias-
tiques, les Juifs et même des clercs pratiquent le prêt