LE RÉGIME FÉODAL DES CLASSES GOUVERNANTES 149
chaque pays, s’imposa à tout l'Occident. Sa forme la plus
nette, la féodalité française, conquit PAngleterre, l’Es-
pagne du Nord, les deux Siciles et le Levant, tandis que
la forme la moins évoluée, la féodalité allemande, s’adap-
tait aux institutions des Pays-Bas et de lItalie du Nord.
Le régime féodal et les modes de possession du sol. — Sous
res divers aspects, le régime féodal était incompatible avec
les anciens modes de possession, propriété collective du
village, aussi bien que propriété individuelle libre, qui
vénaient son expansion et échappaient à son monopole.
La diminution de la propriété collective. — Partout
les terres communes qui, jadis, appartenaient à la collec-
tivité de la tribu ou du village, les marches d’Angleterre
ot d'Allemagne, les allmends des pays germaniques, les
communia ou communaux des pays latins, se transior-
mèrent le plus souvent en possessions privées ou en pos-
sessions seigneuriales. En vertu du droit d’appropriation
qui résulte du défrichement, la surface des terres com-
munes est sans cesse diminuée au profit des seigneuries
ecclésiastiques et laïques ou de leurs sujets roturiers qui
entreprennent la mise en culture et qui acquittent au
seigneur, à titre de cens, une partie du produit des terres
appropriées. Dans la plupart des cas, les seigneurs se sont
emparés de la propriété éminente des terres communes,
sauf à en concéder l’usage, moyennant redevance, à la
communauté roturière ou serve. Tout au plus, un petit
nombre de communautés rurales des pays germaniques
ont-elles réussi, notamment en Néerlande, en Suisse et dans
d’autres régions de l’Allemagne, à sauvegarder, en plein
triomphe de régime féodal, certaines marches, dernières
survivances de la propriété collective du village. et à les
maintenir jusau’au xve siècle.
Déclin de la petite propriété libre dans l'Europe féodale. —
La propriété libre, moyenne ou petite, fut tout aussi