CHAPITRE II
L'ORGANISATION ÉCONOMIQUE ET SOCIALE DES CAM-
PAGNES EN OCCIDENT PENDANT LA PREMIÈRE PÉ-
RIODE FÉODALE.
À côté en effet de la minorité qui possède le sol, des
millions d'hommes sont dépourvus du droit de propriété.
C’est la masse immense des populations rurales de l’Occi-
dent qui se trouve dans cette condition. Un fossé presque
infranchissable les sépare de la classe possédante. Les
paysans sont tous plus ou moins dépendants (hôrigen)
comme on dit en Allemagne, tous considérés seulement
comme instruments d’exploitation du domaine (villa)
d’où leur nom de vilains, tous regardés comme dépourvus
de valeur sociale et estimés seulement pour la valeur éco
nomique ou’ils représentent.
Les diverses catégories de paysans. Les vilains francs en
Occident. — Ils ne sont pas cependant tous rangés dans la
même catégorie. Il y a parmi eux des paysans libres et demi-
libres, distincts des paysans serfs et des derniers esclaves.
D’un côté se trouvent, suivant les termes usités en France,
les vilains francs, de l’autre les vilains serfs. On retrouve
cette distinction avec des nuances diverses dans tout
l’Occident, sauf en Angleterre, où, depuis la conquête
nomande, le vilainage s’unifie sous la forme du servage,
Mais en Allemagne le vilainage franc est représenté par
des exploitants libres appelés freien landsassen, freie hin-
tersassen, par des paysans demi-libres, descendants pro-