LA RENAISSANCE DU TRAVAIL, POUVOIRS PUBLICS 193
la propriété, jouissance individuelle ou jouissance com-
muniste, salaire et juste prix, rôle du commerce et de
l’argent. Toutes ces bautes questions y étaient étudiées
avec une extrême hardiesse. L’audace de la pensée spécu-
lative sur ce point n’a guère connu de bornes parmi les
théologiens et les canonistes, mais la raison pratique y
tempérait les audaces de la raison théorique. Les ordres
mendiants s’en aperçurent, à la fin du x1TTe siècle, quand
ils s’avisèrent d’entrer dans la voie du communisme et de
l’égalitarisme anarchique.
Dans l’ordre social l’Eglise avait eu le souci d’organiser
l’assistance en faveur des classes laborieuses, des pauvres, des
malades, des captifs. Elle avait multiplié, avec le concours
des laïques, les aumôneries, les hôpitaux, les maisons Dieu,
les léproseries, les œuvres derédemption des prisonniers. Elle
avait fait de la charité, forme chrétienne de la solidarité
sociale, une obligation formelle, un correctif du droit de pro-
priété. Dans le domaine économique, unissant à l'esprit
d’organisation qui la caractérisait, la largeur etla hauteur
d’esprit d’un corps où le talent se manifestait plus qu’ail-
leurs, elle joue alors un rôle de premier ordre. De ses
domaines elle fait autant de centres d’attraction, par la
supériorité des méthodes culturales et par les ménage-
ments qu’elle y observe à l’égard des paysans. Il fit « bon
vivre sous la crosse », pourvu qu’on abdiquât l’esprit
d’indépendance. C’est dans l’Église qu’apparaissaient les
premières manifestations de pitié pour les classes labo-
rieuses. Les théologiens et les sermonnaires, les Yves de
Chartres, les Geoffroi de Troyes, les Raoul Ardent, les
Maurice de Sully proclamaient la valeur sociale du travail
des humbles, l’égalité originelle du serf et de l’homme
libre devant Dieu et devant les sacrements, tout en prê-
chant aux vilains l’obéissance. Ils flétrissaient leurs oppres-
seurs. Quelques-uns s’élevaient même contre l’institution
du servage.
Classe traditionnaliste et conservatrice de l’ordre
BoOISSONNADE. AR