204 L’APOGÉE DU TRAVAIL MÉDIÉVAL
inconnus. C’est ainsi que se développe l’économie moné-
taire aux dépens de l’économie barbare du troc et des
échanges en nature. Elle naît d’abord en Italie et aux
Pays-Bas et se propage ensuite dans les autres pays d’Ocei-
dent. Graduellement s’accroissaient par les relations avec
l’Orient et par l’exploitation des gisements de métaux
précieux, les espèces métalliques. Quelques gouvernements
éclairés, ceux des républiques marchandes d’Italie, ceux
des royaumes des Deux-Siciles et d’Angleterre, du comté.
de Flandre, et un moment celui de la France, au temps de
saint Louis, inauguraient la saine politique de la stabilité
monétaires, si favorable à l’essor du commerce, en contra-
diction avec les funestes habitudes d’altération et de
variation des monnaies qui persistaient dans la plupart
des États. Instruits par l’expérience de Byzance, les rois
normands d'Italie méridionale, les républiques marchandes
de Florence et de Venise, et à l’exemple des Italiens, les
comtes de Flandre, les rois d’Angleterre, de France, de
Castille, les Staufen en Allemagne frappèrent, soit des
monnaies d’or, taris, sequins, ducats, sous, marabotins,
maravedis, soit des monnaies d’argent, deniers, dinars,
tournois, parisis, de titre invariable, d’alliage et de rapports
déterminés. Les premières surtout, auxquelles s’adjoignent
les besants ou sous d’or byzantins, aident singulièrement
au progrès du commerce international, en fournissant à
l'Occident un mode de paiement qu'il connaissait à peine
auparavant.
Jusqu’au x1° siècle, le crédit n’avait existé que sous des
formes primitives qui convenaient seulement au système
de l’économie naturelle, dans laquelle il n’y avait ni pro-
duction active en vue des marchés ni échanges étendus. On
ne connaissait guère alors que les prêts à usage et de consom-
mation, consentis en vue de subvenir aux besoins élémen-
taires de la vie, c’est-à-dire le prêt en nature et le prêt sur
gages. L'Eglise considérait comme une usure la stipulation
de tout intérêt pour cette sorte de crédit. Mais les besoins