L’ÉMANCIPATION URBAINE DAT
torment des seigneuries collectives, aussi indépendantes,
aussi fières, aussi jalouses de leur liberté que les souve-
rainetés féodales.
Mais, aussi bien dans les villes de bourgeoisie et de
colonisation que dans les villes de consulat et que
dans les communes, les classes commerçantes et indus-
trielles sont parvenues à conquérir l’objet essentiel de
leurs efforts, à savoir la reconnaissance des droits de
leur association égalitaire et libre. Cette association, com-
posée de tous les marchands, artisans et propriétaires,
riches ou pauvres, possède collectivement la souveraineté
totale ou partielle qui lui a été reconnue. C’est le corps
entier de la bourgeoisie qui en délègue l’exercice à ses
mandataires, soit qu’une oligarchie prétende gouverner
en son nom, soit qu’il participe d’une façon directe aux
affaires. C’est au nom de la collectivité entière, de l’uni-
versité des bourgeois, que s’exerce le gouvernement muni-
cipal. C’est l’ensemble de cette collectivité marchande et
industrielle qui alimente de ses taxes directes et indirectes
le trésor municipal, qui acquitte les dépenses adminis-
tratives, édilitaires, militaires, qui forme les cadres et
les effectifs des milices communales. C’est sur elle que
repose la puissance politique de la cité, et c’est son activité
économique qui est la garantie des libertés et des privi-
lèges conquis.
Prédominance des préoccupations et des intérêts éco-
nomiques dans l'Etat urbain médiéval. — Aussi, sous le
Jécor romantique qui recouvre l’histoire des communes
médiévales, à travers le fracas de leur tumultueuse
existence, qui se déroule dans le cadre de leurs
enceintes, de leurs places publiques, à l'ombre de
leurs beffrois et de leurs hôtels de ville, parmi les luttes
acharnées des partis qui s’y disputent le pouvoir, aper-
çoit-on l’unité, la continuité et le réalisme de la politique
de l’Âtat urbain, qu’on a presque toujours méconnue,