262 L’APOGÉE DU TRAVAIL MÉDIÉVAL
et eorporations jurées, syndicats de droit commun et
syndicats . privilégiés, groupant les classes commer-
çantes et industrielles, ont exercé sur l’organisation
des masses laborieuses une action puissante. Ils leur
ont appris la solidarité et la discipline, sous la direction
de chefs librement choisis, sous l’empire de statuts et
règlements élaborés par eux et amendés par la commu-
nauté urbaine. Ils leur ont donné une hiérarchie forte,
fondée sur la capacité professionnelle et l’expérience. Ils
leur ont assuré l’indépendance et la dignité du travail. Ils
leur ont permis d’en percevoir les fruits, en travaillant à
la suppression ou à la limitation des anciens droits sei-
sneuriaux, et en garantissant l’égalité économique de leurs
membres. Aussi bien dans le métièr libre que dans la
corporation, l'accès du patronat ou maîtrise, le droit
d'exercer la profession a été reconnu à tous ceux qui
offrent des garanties de moralité et de capacité technique;
Il suffit, dans cet âge d’or du moyen âge, pour devenir
patron, d’avoir fait apprentissage, de subir un examen
{celui du chef-d’œuvre) alors simple et pratique, ou même
de fournir une simple attestation de capacité légitimée
par la notoriété publique, de payer des droits d’entrée
modérés, de faire les frais d’une collation ou repas peu
coûteux ; souvent même, l’aspirant ne paie aucun droit et
n’a aucun frais.
Entre l’ouvrier appelé compagnon ou varlet et le
patron ou maître, il n’y a d’autre différence que eelle
que crée une inégalité légère et souvent temporaire de
fortune et de situation. Tous deux ont reçu la même
initiation professionnelle. L’ouvrier peut devenir patron
le jour où il épouse la fille d’un maître, et à tout moment
quand il a réuni le petit capital qui lui est nécessaire pour
s’établir à son compte. Le compagnon est libre de
travailler ; il n’est lié que par un contrat, de durée
limitée, entouré de garanties précises et qui stipule
des obligations réciproques. Maître et compagnon