LA CONDITION DES CLASSES URBAINES 263
vivent ensemble sur le pied d’une camaraderie journa-
lière. Le compagnon a sa place dans le métier ; il y parti-
cipe au choix des administrateurs ; il trouve dans la
confrérie une aide morale et matérielle. Son individua-
lité est reconnue et protégée par- l’association libre ou
jurée dont il fait partie. Il y rencontre un appui et non des
entraves ; sæ personnalité y est devenue plus libre et plus
respectée. Le métier assure au futur maître comme au
futur ouvrier le bienfait d’une instruction professionnelle,
l’apprentissage, de durée variable (2 à 8 ans), suivant les
difficultés de chaque profession, mais sérieux et efficace.
L’apprenti trouve dans le maître un éducateur rude et
ferme, qui lui donne une formation soignée, virile, d’une
valeur si grande, qu’à aucune époque, les classes ouvrières
n’ont été mieux formées à leur fonction technique.
L'administration des métiers. — Patrons, ouvriers,
apprentis forment des groupements autonomes qui
s’administrent librement, qui se sont donné la discipline
économique et sociale, propre à assurer leur force et
leur prestige. Ils s’initient par la pratique du self govern-
ment aux mœurs de. la liberté, au sens de la responsa-
bilité et aux vertus civiques. Les corporations jurées, et
même parfois les métiers libres, ont leurs assemblées,
parlements ou chapitres, dans lesquelles délibèrent les
maîtres et parfois les ouvriers, ceux-ci avec des droits
plus ou moins restreints. Elles statuent au sujet des
affaires communes, élisent les administrateurs et contrôlent
leur gestion. Ces administrateurs, jurés, prudhommes,
baillis, wardens, rewards, gardes, esgardeurs, veedores,
majorals, consuls, recteurs, podestats, vicaires, doges, ainsi
qu’on les nomme, suivant les pays, ayant parfois à leur
tête un président, le prieur, le proconsul, le maître, le ma-
yeur de bannière, le capmestier, règlent la police, gèrent les
finances, dirigent les tribunaux de l’association, avec
l'aide de conseillers, de syndics, de trésoriers (clavaires,