264 L’APOGÉE DU TRAVAIL MÉDIÉVAL
chambriers), d’auditeurs et examinateurs de comptes, et
d’agents, clercs ou secrétaires, appariteurs ou damoiseaux,
sergents et messagers. Ils visitent les ateliers et les mar-
chés, infligent des pénalités et des amendes, reçoivent
le serment des maîtres, président aux cérémonies et aux
fêtes. Leur pouvoir est annuel; ils l’exercent dans l’intérêt
lu corps, dont ils sont les mandataires.
L'association est une personnalité juridique qui peut ester
an justice, qui possède des biens meubles et immeubles, des
rentes, des lieux de réunion (halls, mansions, steuben, scuole,
parloirs), parfois même des magasins et des établissements
industriels. Elle à sa placereconnue et respectée dans la com-
mune urbaine. À l’église elle ‘construit sa chapelle, qu’elle
orne avec amour et où s’étalent sur les vitraux, comme à
Chartres et à Bourges, les insignes du métier. Elle a ses
titres conservés dans ses archives, son sceau, ses armoiries,
tout comme le seigneur et la commune. Elle déploie son
étendard ou sa bannière, sur laquelle se détache l’effigie
du saint patron de la corporation, à côté des attributs de
la profession, la hache du charpentier, le tranchet du cor-
donnier, la coupe d’or, la croix ou la couronne de l’orfèvre,
l’agnus Det, auréolé de jaune et de rouge sur champ d’azur
du fabricant de lainages. Le travail, grâce à l’association,
proclame et fait admettre sa noblesse.
Les privilèges, les monopoles et les règlements des métiers.
— Comme les autres classes sociales, celle des travailleurs
urbains s’est fait doter de privilèges. Elle a réussi à faire
reconnaître à ses membres la propriété de leur profession.
De même que le marchand est souverain dans sa gilde,
le seigneur dans son fief, le patron et l’ouvrier sont maîtres
de leur métier. Ils en ont le monopole. Au moment où le
sravail libre s’organisa, il n’était pas inutile que la sphère
d'activité de chaque spécialité professionnelle fût déli-
mitée, pour éviter le gaspillage des forces de production
et pour assurer aux producteurs la sécurité de l’existence.