282 L’APOGÉE DU TRAVAIL MÉDIÉVAL
contre les flots de la mer du Nord, qui avaient creusé
le golfe de la Jahde et enlevé plus de 6.000 kilomètres
carrés du rivage entre le Texel et la péninsule cimbrique.
Ils convertirent en terres fertiles de culture (koge, mars-
chen), les mooren Où sols marécageux et inondés du Slesvig,
du Holstein et du pays de Brême. Entre l’Elbe et l’Oder,
ils transformèrent les marécages intérieurs en grands
domaines (konigshufen), dont les bandes parallèles s’allon-
gèrent dans la Marche de Brandebourg. Mêlés aux colons
allemands, ils créèrent dans les zones inondées de la Basse-
Vistule et de la Prusse, ces magnifiques terres alluviales
de culture qui en sont l’orgueil, à savoir les werder de
Marienburg, d’Elbing et de Danzig au xIT1°® siècle. En
France, une œuvre semblable fut accomplie par les ordres
monastiques, tels que ceux des Templiers et des Cister-
ciens, de même’ que par les syndicats de paysans. Ainsi
furent desséehées et conquises les terres basses ou marais
de Saint-Omer et du Calaisis, les molières (terres mouillées)
des Bas-Champs et de la Marquenterre en Picardie, les
marais du pays de Caux, de l'estuaire de la Seine, de la
Dive, du Bas-Cotentin, du pays de Dol, d’une partie du
littoral breton et de la Basse-Loire, du Bas-Poitou, du
Bas-Languedoc, de la Basse-Provence, et à l’intérieur
ceux de la, Basse-Auvergne, de la Limagne, de la Cham-
pagne humide, de l’Argonne. Le Bas-Rhôn@fut endigué
par des ‘associations de levadiers, de même que furent
construites dans le marais poitevin les lignes des bots
(digues) avec leurs réseaux d’écluses et de canaux. En
Bas-Roussillon au XIII° siècle, un grand nombre d’étanes
étaient asséchés.
En Haute-Italie communes, princes, abbayes cister-
eiennes, paysans s’unirent pour endiguer et régulariser
le cours du Pô, du Lambro, du Mincio, de la Brenta,
pour dessécher les marais du Mantouan, du Ferrarais,
du Crémonais, du Lodigiano, du Bas-Milanais, du Mont-
ferrat, du Bolonais et du pays de Ravenne. Les popula-