ÉMANCIPATION DES CLASSES 297
agricoles. En France, l’hectolitre de blé haussa, entre les
années 1200 et 1335, de 3 fr. 80 à 8 fr. 56 ; celui de Phec-
tolitre de vin de 5 fr. 12 à 25 fr. 66. Un bœuf qui se
vendait 21 francs à la première de ces dates, se vendit
52 francs à la seconde ; un mouton au lieu de à francs se
paya 4 fr. 50; un pore 12 franes au lieu de 6 francs ; le
kilogramme de beurre valut 0 fr. 65 au lieu de 0 fr. 45 ; la
volaille 0 fr. 50 au Lieu de 0 fr. 32, On a pu, par des calculs
qui paraissent plausibles, évaluer le taux de la rente
foncière en France, pendant le premier tiers du xxve siècle,
entre 5 p. 100 et 8 et demi p. 100.
Les nouvelles atteintes portées à la propriété collective en
Occident. — Une bonne part de cet accroissement de capital
et de revenu revint aux grands propriétaires; mais les petits
propriétaires et les cultivateurs en bénéficièrent également,
dans des proportions plus ou moins fortes. L ans l’ensemble,
le mouvement de colonisation fut avant tout favorable à
la propriété privée, de même qu’à la grande propriété
princière et ecclésiastique, beaucoup plus qu’à la propriété
téodale, qui se démembra au profit de la bourgeoisie et des
paysans.
La propriété collective et la propriété seigneuriale
furent donc les deux principales victimes de cette révo-
tution pacifique agraire. Sauf, dans les régions des Tes
britanniques habitées par les Celtes, où elle se maintint
partiellement au profit des clans, la première s’amoindrit
dans tous les États d'Occident, par suite des progrès de
la colonisation, qui s’accommodait mal du régime de l’indi-
vision et des partages périodiques, obstacles à la mise en
valeur du sol. Tantôt les terres communes furent usurpées
par les seigneurs en totalité, ou restreintes au moyen des
enclôtures et des cantonnements qu’ils y pratiquèrent.
Tantôt, le pouvoir princier reconstitué les revendiqua,
au nom de la souveraineté imprescriptible de l’État.
Tantôt enfin, les paysans se les approprièrent, en les allo-