CONDITION DES CLASSES RURALES 321
Dans la plupart des autres, la condition des serfs demeura
très dure, quoique restreinte à des minorités. I] y eut même
pis que le servage. L’esclavage se reconstitua partielle
ment par la guerre ou le commerce, quoique en une
proportion réduite, dans les régions méditerranéennes
de l’Espagne. de l’Italie et de la France.
L'amélioration de la condition matérielle des paysans ;
revenus fonciers et salaires agricoles. — Dans l’en-
semble, il ne paraît guère douteux que la condition
matérielle des classes rurales ne se soit beaucoup
améliorée pendant ces trois siècles et demi. Bon nombre
de paysans parvinrent à l’aisance et quelques-uns à la
fortune. La plupart, devenus effectivement les possesseurs
du sol, profitèrent de la hausse des produits de la terre et
du revenu foncier, souvent même plus que le propriétaire,
lié par des conventions qui fixaient d’une manière inva-
riable les redevances du tenancier, fréquemment conver-
ties en argent. On a pu prétendre que les censitaires,
c’est-à-dire la masse des cultivateurs en France, arrivèrent
à percevoir à leur profit exclusif les deux tiers de la rente
foncière. L'extension du fermage prouve également que
l’entreprise agricole présentait des avantages qui allé-
chaient les paysans doués de l’esprit d’initiative, tandis
que les conditions du métayage paraissent avoir fait
de l’association agraire un système profitable pour ceux
qui trouvaient préférable d’employer ainsi leur activité.
Quant aux salariés agricoles, il est certain qu’un grand
nombre d’entre eux, les journaliers par exemple, en Italie
et en Espagne, sont classés alors parmi les plus pauvres des
habitants des campagnes, voire même parmi les indigents.
Tls recevaient'en général des salaires peu élevés, au début
du moins ; en Toscane, au xITI° siècle, 2 deniers pendant
l’hiver, 3 pendant l’été quand ils étaient loués à la journée ;
de 1 denier à 2 deniers et demi en Angleterre pour les sar-
clages et la fauchaison, de 6 deniers par acre pour le travail
RarssoNN£ADE.
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