323 L’APOGÉE DU TRAVAIL MÉDIÉVAL
à la tâche des labours. Ce salaire s’abaissa même pour les
femmes à 1 denier par jour. Mais les journaliers profitèrent
bientôt d’une hausse continue du prix de la main-d’œuvre.
Elle fut, au delà de la Manche, vers 1330, équivalente à un
cinquième ; ils recevaient de plus des gratifications appe-
lées courtoisies. En Poitou, les hotteurs et vignerons non
nourris reçurent, vers 1307, 8 à 9 deniers par jour, les
bâcherons 10 à 12 deniers (0 fr, 71). C’est à cette moyenne
que le salaire arrivait en France dans la première moitié
du xIve siècle, alors qu’au xe un moissonneur ne gagnait
qu’un demi-denier (0 fr. 34). Le prix de la main-d’œuvre
aurait donc plus que doublé avant 1348. T1 s’éleva alors
entre 3 sous et 2 sous 6 deniers, inférieur seulement de
moitié à celui de la main-d’œuvre ouvrière urbaine, et
presque équivalent à celui du salaire rural du début du
XIX° siècle. Les domestiques, plus favorisés encore, nourris,
logés, blanchis, éclairés, partiellement habillés et à l’abri
du chômage, gagnèrent en Catalogne et en Roussillon
25 à 75 sous annuellement, et avant 1348, en France, 5 à
7 francs par an, tout autant, eu égard au pouvoir de l’ar-
vent, que dans la première moitié du siècle dernier.
L'accroissement du bién-être des classes rurales en
Occident ; les conditions de leur vie matérielle — La
diminution des guerres féodales et du brigandage, résul-
tat de l’ordre monarchique, celle des grandes famines,
six fois moins nombreuses en France au x1TTe siècle qu’au
£Té (10 en regard de 60), l’absence de grandes crises écono-
miques dans une société, où ne sévissaient pas encore les
excès de la concurrence, la simplicité de la vie, tout con-
bribua au bien-être croissant de l’ensemble des classes
rurales d’Occident.
Jamais l'existence matérielle des paysans n’avait été
aussi favorable et, pour retrouver des conditions pateilles,
il faut descendre jusqu’au milieu du x1x° siècle. Une
multitude de nouveaux villages, de bourgs, de hameaux.