348 LA FIN DU MOYEN AGE
en plus dénuée des qualités indispensables à l’art de gou-
verner. Elle ne sait que renouveler et perpétuer l’anar-
chie. Elle perd son prestige militaire à Créey, à Poitiers,
à Nicopolis, à Azincourt, ainsi que dans les guerres hus-
sites. Elle devient une noblesse de cour ; elle se met au ser-
vice des princes. Elle ne vit plus que de l’exploitation des
censitaires ou pis encore de rapines et de brigandages.
La bourgeoisie urbaine, dont la puissance s’accroît, au
xIve siècle, aux Pays-Bas, dans l’Italie centrale et sep-
tentrionale, et jusqu’à la fin du xv° siècle en Allemagne,
montre plus de sens politique. Mais le régime municipal
n’assure plus une protection suffisante aux collectivités
qu’il abrite. D'ailleurs, au milieu des luttes sociales qui se
déchaînent, le patriotisme communal s’altère ; la pros-
périté économique est souvent atteinte. L’horizon urbain
se rétrécit et la commune qui avait été, dans la période pré-
cédente, l’auxiliaire de l'émancipation et du progrès, devient
finalement, dans le domaine de l’activité économique, un
agent de particularisme et de tyrannie, qui s’oppose par
son esprit d’exclusivisme, de monopole et de réglementa-
tion, au développement de l’activité des sociétés nouvelles
élargies.
L'économie nationale et l'Etat monarchique. — À la
place de l’ancienne économie féodale agonisante, au-
dessus de l’économie urbaine en décadence, s’organise
et se développe l’économie nationale. Elle a pour cadre
l’Etat monarchique ou princier, dans lequel se confondent
les anciennes souverainetés locales. Au milieu de bien des
tâtonnements, sous l’influence des maximes du droit
romain, sous la pression des nécessités du temps, l’Etat
prend conscience de ses droits et de ses devoirs envers la
collectivité, surtout en Occident. Aux Pays-Bas, en France,
en Italie, en Espagne, en Angleterre, parfois même dans le
reste de l’Europe, les souverains ont une politique écono-
mique, souvent incohérente, mais tous les jours plus active.