LES INVASIONS, RUINE DU TRAVAIL 35
majeure part de ces espaces vides de maisons et d’habi-
tants. L'activité industrielle a disparu, les traditions
mêmes de l’industrie ancienne se perdent. Une chute pro-
fonde ramène l’Occident aux conditions de l’économie
élémentaire des peuples primitifs.
Au milieu de ce désarroi universel, les échanges se
réduisent surtout au trafic des denrées et des prodnits
fabriqués de première nécessité, qui circulent dans un
cercle étroit. Le grand commerce intérieur et extérieur,
qui avait pris sous l’Empire un si brillant essor, n’est plus
possible. Tout fait défaut pour alimenter et faciliter’ les
transactions. La terre est devenue le seul capital et les
produits naturels servent de moyens d’échange. Le com-
merce de troc, comme aux époques primitives et comme
èhez les Germains, reparaît dans l’ancien Empire romain,
où la monnaie s’est raréfiée et où le crédit a disparu. Les
belles routes romaines, qui ne sont plus entretenues, se
dégradent ; les ponts s’écroulent, la poste impériale a cessé,
les relais n’existent plus. Toute circulation rapide est
devenue impossible. L'’insécurité règne partout. Les
brigands détroussent voyageurs et marchands, au coin
des bois, au passage des marais et des fleuves. Des bandes
armées sillonnent en tous sens le pays. Les voyages devien-
nent des expéditions pleines de péril, qu’on n’entreprend
plus qu’en caravanes, avec des escortes armées. Les ports
déclinent, les mers sont infestées de pirates, le commerce
maritime est devenu aussi peu sûr que le commerce ter-
restre. Les grandes compagnies de transport, (nautes,
utriculaires), se sont dissoutes pour la plupart. Les arma-
teurs sont ruinés. « Tel, dit un écrivain du ve siècle, qui
armait six grands vaisseaux est heureux d’avoir à lui une
petite barque. »
La décadence matérielle après les invasions; l’èére de
la misère, de la faim, des épidémies et de la dépopulation
— La misère est partout, dans les villes et dans les cam-