BYZANCE, LA RÉORGANISATION DUÜ TRAVAIL 47
territoriales de l’aristocratie égalèrent presque celles de
l’Église. Les empereurs qui appréhendaient pour leur
pouvoir et pour la société elle-même, la croissance de la
grande propriété nobiliaire, montrèrent, notamment à
l’époque des dynasties isaurienne et macédonienne, une
rare énergie pour en enrayer le développement. Les Isau-
riens (VIII® siècle), par les dispositions de leur Code rural,
interdirent le patronage et annulèrent les usurpations
faites aux dépens des petits propriétaires. Les Macédo-
niens prohibèrent les aliénations de domaines, consenties
par la classe pauvre au profit des grands, annulèrent les
contrats entachés de fraude ou de violence, abolirent même
sur ce point la prescription quarantenaire, qui couvrait
les usurpations. [ls renouvelèrent l’interdiction du patro-
nage et annulèrent les acquisitions faites au préjudice de
l’État ou des bénéfices militaires (pronoïai). Ils défen-
dirent âprement les intérêts du pouvoir central et des
classes moyennes, menacés par les révoltes des grands
seigneurs.
Parfois, on put c-oire, au cours de ce duel, que
la puissance de la noblesse allait être abattue. Mais
l’aristocratie profitait des crises politiques et de la fai-
blesse de certains règnes pour restaurer son autorité. Si
elle ne parvint pas à s’organiser en féodalité indépen-
lante, à la manière de celle d’Occident, si elle n’en connut
ni la hiérarchie, ni les institutions caractéristiques le
contrat féodal, la suzeraineté, la vassalité, l'hommage,
si elle resta légalement dans la dépendance du pou-
voir central, du moins, elle‘ avait acquis dans ses
domaines, à la fin du haut moyen âge, la quasi-plénitude
de la souveraineté. Le grand propriétaire byzantin fut
le maître dans ses terres ; il y exerça la juridiction sur les
paysans. C’est par son entremise que le gouvernement
dut faire exécuter ses ordres, et de mandataire du prince,
il tendit continuellement à devenir une sorte de souverain
local. Il eut des clients, grâce au patronage, à la recom-