RECONSTITUTION DU TRAVAIL EN OCCIDENT 81
lait Charlemagne, d'organiser les meilleurs ateliers. Le
rétablissement de l’activité des échanges a surtout attiré
leur attention, parce qu’ils y voient le moyen le plus sûr
d’enrichir leurs États. De là, cette sollicitude que montrent
Théodorie, Rotharis, Luitprand, les rois visigoths et
anglo-saxons, surtout nos Carolingiens, et en premier lieu
Charlemagne, pour rétablir les routes et leur sécurité, pour
réorganiser les moyens de transports terrestres et mari-
Limes, pour restaurer marchés, foires et ports, pour pro-
téger à la fois les marchands et les consommateurs, pour
rétablir de bonnes monnaies, pour garantir le commerce
national contre l’excès de la concurrence étrangère, pour
développer à la fois les échanges intérieurs et extérieurs.
Il ne manqua vraiment à ces gouvernements d’Occident
que l’esprit de suite et la puissance d’exécution pour faire
briompher de nouveau la tradition romaine dans le domaine
du travail. Is ne purent qu’ébaucher une œuvre qui sera
reprise trois siècles plus tard.
L'Action de l'Eglise sur la renaissance économique de
l’époque carolingienne. — Plus profonde, parce ‘qu’elle
à été plus méthodique et plus continue, fut l'action
de l’Église occidentale. Héritière de la tradition romaine
d'autorité, détentrice de la civilisation antique trans-
formée par le christianisme, elle offre à l’Occident
le modèle du seul gouvernement ordonné et stable,
où l'autorité se combine avec la Liberté, da seule
unité vraiment vivante, fondée sur la communauté des
croyances et des principes de la société chrétienne. Sous
la direction continue, méthodique et clairvoyante de
la papauté, surtout depuis Grégoire le Grand, avec l’appui
de l’État mérovingien et carolingien, avec le concours
de la mystique armée des moines et des missionnaires
aquitains, irlandais, anglo-saxons et francs, elle a suc-
cessivement converti les Visigoths et les Burgondes
ariens, les Celtes d'Irlande et de Galles, les Francs Saliens,
BOISSONNADE.