XIV
NOTICK SUR KA VIK Kl LES ÉCRITS.
nière désastreuse sur la situation économique de l’Angleterre ; car en ad
mettant même que la politique de Pitt ait réussi à absorber les na
tions du continent dans les préoccupations diplomatiques, et à les détour
ner du travail productif auquel s’était vouée l’Angleterre, en admettant
que le canon ne détruit pas la plus noble, la plus féconde de toutes les
valeurs, — l’homme, — et que la richesse de nos voisins ait pu s’accroître
par l’effet d’emprunts et de taxes formidables, il est permis de croire que
l’industrie s’accommode fort peu en général de ces procédés violents qui tantôt
lui ouvrent une carrière immense, tantôt la refoulent dans une sphère étroite.
Le stimulant que le monopole rigoureux des mers offrit à la production
de la Grande-Bretagne eût donc été bien plus vif, bien plus puissant en
core en l’absence de tout monopole. Les forces vives que ses Hottes ba
layaient de la surface des mers refluèrent sur le continent, et le résultat
le plus net de cette politique, soi-disant habile, fut de créer des rivalités
commerciales là où il n’en existait aucune. Au lieu de la sphère étroite
qui fermait le marché de chaque pays, il y eut une circonférence immense,
passant par Gibraltar, Nantes, Amsterdam, Pétersbourg, Odessa, Naples,
et où se fortifièrent les industries de la France, de l’Allemagne, de la Bel
gique ; — si bien que lorsque tout cet échafaudage de blocus et de doua
nes s’écroula, en 1816, il démasqua, aux yeux de l’Angleterre con
sternée, l’immense façade des manufactures élevées sur le continent.
Il le faut donc dire bien haut, en l’honneur des idées de paix et de fra
ternité : les guerres de la Révolution et de l’Empire n’ont pas plus profilé
à la Grande-Bretagne qu’au reste de l’Europe. Le rayonnement des ri
chesses comme celui des théories politiques ne s’opère pas avec l’artillerie;
et il faut être singulièrement aveugle pour croire que c’est à coups d’épée
qu’on habitue un peuple à consommer tel ou tel ordre de produits. Lors
qu’Arkwright disait, en face des progrès miraculeux qu’il avait déterminés
par la pression d’un simple ressort : Je paierai à moi seul la dette de l'An
gleterre; lorsque les filateurs de coton, dans un élan d’orgueil industriel, se
vantaient de pouvoir fournir de tissus le système solaire tout entier,— y
compris même, nous osons le croire, les ouvriers en haillons de leur propre
patrie,—ils ne comptaient certainement pas sur la toute-puissance du sabre
pour la vente de leurs produits. Ils comptaient sur des procédés plus par
faits, des capitaux plus vastes, des institutions de crédit plus avancées, des
frais de production moins coûteux ; enfin, sur tout ce qui amène le bas prix,
et, avec le bas prix, les consommateurs.
Non. Le temps de ces mystifications est passé, et l’Angleterre sait fort
bien que la mule-jenny et la v apeur ont plus fait pour sa grandeur que
tous les protocoles, et qu’elle se développe quoique et non parce que les
relations économiíjues du monde éprouvent des bouleversements pro
fonds. Maintenant que la fumée du combat s’est dissipée, elle a fait le
bilan exact des bienfaits et des maux qui lui ont été départis en retour de