206 L’APOGÉE DU TRAVAIL MÉDIÉVAL
tels que lTtalie et l’Allemagne du Sud, dès le xrn°® siècle
l’intérêt s’abaisse pour le commerce à 10, 12 et 17 p. 100,
tandis qu’il s’élève dans les autres, tels que l’Angleterre
et même parfois en France, à 15, 20, 25, 43, 50 et même
à 80 p. 100.
La circulation fiduciaire, pratiquée par les Byzantins
et les Arabes, apparaît en Occident par l’entremise des
Italiens, des Français du Midi, des Catalans et des Fla-
mands, sous la forme de lettres de crédit, de lettres de
paiement, premières ébauches de la traite moderne, ou
encore de lettres de change et de lettres de foire qui évitent
les paiements en numéraire. Aux grandes foires s’intro-
duisirent les paiements par compensation et par échange
de créances, avec faculté de report, moyennant commis-
sion. Les échanges purent se faire de cette manière avec
infiniment plus d’ampleur.
Le change et la banque deviennent les apanages d’une
classe spéciale, celle des changeurs et des banquiers. Les
premiers, chargés d’arbitrer les monnaies innombrables du
temps, voient leur rôle s’amoindrir à mesure que se déve-
loppe la circulation fiduciaire. Les seconds grandissent au
contraire en importance. Abandonnant aux Juifs la clien-
tèle populaire, et la majeure des opérations de prêt sur
gages, qui exigeaient en raison de leurs risques, le prélè-
vement de taux qualifiés usuraires, allant jusqu’à 80 p. 100,
et qui allumaient contre ces prêteurs la haine populaire ou
la cupidité des princes, les manieurs d'argent chrétiens
s’organisèrent partout pour inaugurer les nouvelles formes
de crédit. Tandis que l’expulsion, la, confiscation, le
massacre atteignaient la plèbe juive, l’aristocratie chré-
tienne de la banque prospérait dans les abbayes, dans les
milliers de maisons de Templiers, surtout dans les innom-
brables comptoirs des Lombards et des Caorsins.
L’ordre des Templiers dont les relations s’étendaient
depuis l’Orient jusqu’à l’Occident, inaugura, en même
temps que les marchands italiens, les grandes opérations