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PONTIFICIAE ACADEMIAE SCIENTIARVM SCRIPTA VARIA - 25
Avec la formulation générale présentée ici, l’introduction
du facteur d’escompte y est évidemment inutile puisqu’une
modification dans la définition des U, ramènerait l’expres-
sion (9) à une autre semblable dans laquelle y‘ aurait disparu.
Mais la forme (9) facilitera l’application des résultats généraux
au cas dans lequel la même fonction U(c,, n,) sera retenue pour
représenter les utilités relatives aux diverses périodes. Seul ce
cas sera examiné dans les applications qui seront faites du mo-
dele général (1).
L'introduction d’un facteur d’escompte différent de 1 peut
d'ailleurs sembler contestable pour des raisons plus fondamen-
tales qui prennent tout leur sens quand la même fonction
U(c,, n,) s'applique à toutes les périodes. Sans doute convient-il
d'ailleurs de distinguer deux situations différentes.
S'il s’agit de décrire la croissance d’une société libérale, la
fonction d'utilité doit représenter à l’échelle macroéconomique
le résultat des choix individuels (2). Depuis BôOHM-BAWERK il
est admis, comme une loi psychologique, que les individus ont
une préférence naturelle pour le présent et qu’ils attribuent
dans leur choix une pondération d’autant plus faible aux épo-
ques futures qu’elles sont plus éloignées dans l’avenir. Si nous
admettons cette thèse, qui n’a d’ailleurs jamais été établie de
façon parfaitement convaincante, nous devons naturellement
introduire dans la fonction d’utilité un facteur d’escompte Y
plus petit que un.
Mais il s’agit ici de décrire les choix collectifs d’une éco-
nomie planifiée et on peut trouver moins de raison à la présence
d’un facteur d’escompte. On a fait valoir que l’utilité intervient
() Une utilité de la forme
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a été dite « stationnaire » par T. KooPMANS (1960) qui a discuté la nature
des préférences représentables par des fonctions de ce type.
(? On connaît la gravité des problèmes d’agrégation qu’une telle repré-
sentation pose.
[5] Malinvaud - pag. 14