Full text: Le travail dans l'Europe chrétienne au moyen âge (Ve-XVe siècles)

LA PROPRIÉTÉ. EN OCCIDENT 99 
régions où les Celtes exerçaient de l'influence. Mais 
partout survivait la vieille institution germanique de la 
propriété communautaire de village (tounship). Les 
forêts, les pâturages, les landes, les marais restaient indivis 
entre les membres de la communauté villageoise, qui y 
possédaient des droits de propriété et d’usage égaux. Les 
prairies et les terres de culture étaient divisées en lots, 
les premières clôturées une partie de l’année, les secondes 
dépourvues de clôture (openfields). Chaque membre libre 
de la communauté de village avait droit à une longue 
bande (furlong) de 200 mètres carrés ou d’un tiers à un demi- 
hectare séparée des autres par des bandes de gazon, de 
manière que toute famille eût une part équivalente dans 
les terres à céréales et les jachères. Après la moisson et la 
fenaison, ces terres, de même que les pâturages communs, 
étaient ouvertes aux troupeaux de chaque groupe familial 
villageois. Lies terres sont soumises aux mêmes méthodes 
d’exploitation et cultivées en commun par les membres 
de la commune rurale qui groupent des attelages de 8 à 
12 bœufs pour labourer le sol. La propriété collective du 
village anglo-saxon s’amoindrit rapidement à mesure 
que s'organisèrent les domaines seigneuriaux (manors) 
et royaux qui s’adjugèrent les forêts et les terres com- 
munes, ne laissant guère à la communauté de village que 
ses vieilles habitudes de culture en coopération et de dis- 
tributions périodiques des champs cultivés. 
La Germanie, s’arrachant plus complètement encoreau ré- 
gime du collectivisme agraire, ne connaît déjà plus la pro- 
priété tribale et renonce peu à peu au système de la propriété 
collective de village (marche). Amoindrie d’un côté par les 
appropriations légales qui résultent des défrichements 
(bifangs, biloken, purprisia, comprehensiones), de l’autre par 
les aliénations volontaires que consentent les communautés 
de village (markgenossenschaften) et par les usurpations 
des princes ou des grands propriétaires, la marche se désa- 
grège dans tous les territoires germaniques, de l’Elbe au
	        
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