142 LE TRAVAIL PENDANT LE HAUT MOYEN AGE
romaines. Milan fut la reine de ces cités restaurées, parmi
lesquelles on compta aussi Vérone, Padoue, Modène,
Bologne, Pise, et à côté desquelles surgirent de nouveaux
centres, tels que Ferrare et Pavie.
Les populations urbaines, aspect et caractère des centres
urbains. — Mais la vie urbaine resta malgré tout languis-
sante, même en Italie, parce que la véritable activité poli-
tique, sociale et économique se concentrait dans les grands
domaines ruraux. C’est pourquoi, une minime partie des
populations se groupa dans les villes, qui n’ont guère au
xe siècle qué 1.000 à 1.500 âmes en moyenne chacune, et
dont les plus peuplées en France et en Allemagne arrivent
à peine à 7 ou 8.000 habitants. La ville, jadis étroitement
unie à la campagne dans la même circonscription (ciwitas)
s’est isolée. Elle végète, prend l’aspect d’un grand village
qui, s’il s’agit d’une ancienne ville romaine, ressemble à
un nain glissé dans l’armure d’un géant. Elle à pris un
caractère rural et dans ses espaces vides elle a des jardins,
des vignobles, des champs cultivés. Ce qui la distingue
uniquement, c’est qu’elle possède une enceinte fortifiée,
garnie de portes et de tours (Milan a 310 de ces dernières),
et qu’à l’intérieur on y rencontre des palais-forteresses ou
d’anciens édifices romains, convertis en châteaux forts,
ainsi que de nombreuses églises, à côté des ruines des
monuments anciens qui jonchent le sol. Les rues tor-
jueuses, caillouteuses, boueuses ou poussiéreuses sont
bordées de maisons de bois ou de torchis, couvertes de
paille, sombres et enfumées, sans cheminées et sans vitres.
Dans les faubourgs (suburbia) vit une misérable popu-
lation d’artisans et de petits marchands. L'existence y est
monotone et triste.
Elles n’ont aucune unité politique ou juridique.
Des pouvoirs souvent rivaux, ceux des hauts fonc-
tionnaires, comtes, ducs, juges, maîtres de la forte-
resse (castrum), ceux des évêques maîtres de la cité, centre