114 LE TRAVAIL PENDANT LE HAUT MOYEN AGE
tiers au 12° seulement des fruits. Il y a encore des tenan-
ciers sur terres d’église, dont le contrat (précaire) stipule
une sorte de fermage perpétuel avantageux pour eux. En
Angleterre existe également au X° siècle une catégorie de
cultivateurs dépendants placés sous la juridiction (soc)
d’un grand propriétaire, mais qui ne sont astreints qu’à des
charges limitées et qui conservent la liberté personnelle
et le droit de quitter le domaine seigneurial. On les nomme
les socmanni liberi, les alleutiers et les vilains (allodiarti,
villani). C’est ce dernier terme qui prévaudra pour dési-
gner cette classe en Occident à l’époque féodale. En Italie,
où des entrepreneurs libres de culture ‘(conductores) se
rencontraient encore sur une partie du territoire au com-
mencement du vIr® siècle, a prévalu ‘ensuite une forme vo-
sine du vilainage gallo-romain, anglo-saxon et germanique.
Dès l’époque lombarde a grandi la classe des massari
liberi ou livellarii (cultivateurs et tenanciers libres), liés
tantôt par une location à longue durée (fito ou emphy-
téose), tantôt par des baux d’une durée limitée à 5 ans
dans ce qu’on appelle le précaire, 29 ans dans le bail appelé
livello. Ils ont le droit, comme les akrimanns, d'assister aux
assemblées ; ils peuvent émigrer, quand leur contrat est
expiré, et ils paient une redevance annuelle fixe (canon),
en nature ou en argent, équivalente en général au tiers du
revenu, outre deux à trois semaines de corvées par an,
sans compter de menus cadeaux. Bobbio possède jusqu’à
300 de ces manants (manentes liberi) dont certains, anciens
serfs ou affranchis, sont astreints à rester sur le domaine.
À mesure que se fit sentir le besoin de coloniser, la classe
de ces manants ou vilains alla s’accroissant dans l’en-
semble de lOcecident.
La classe des colons en Occident. — Au-dessous
d’elle se maintient longtemps la masse des colons, des-
tinée dans ses éléments les plus favorisés à s’élever
jusqu’au vilainage et dont les éléments les moins hen-