LE MONDE BARBARE 7
l’Europe, à l’état de tribus sédentaires pour la plupart,
lorsque les grandes invasions hunniques les rejetèrent
dans les bastions boisés des Carpathes. De là, entre le v° et
le vr1® siècle, elles se répandirent dans les territoires laissés
vides par les migrations des Germains et des Finnois,
c’est-à-dire dans la Russie actuelle, dont elles occupèrent
environ la cinquième partie, de la Dvina au Dniepr et aux
grands lacs, dans les plaines de la Vistule, l’actuelle
Pologne, et même le long de la Baltique méridionale et des
Sudètes, dans l’Allemagne du Nord, qui, de Germanie
devint une Slavie, ainsi que dans la Bohême et la Moravie.
Au Sud, elles allèrent peupler les pays danubiens, la
Slovaquie, la Slovénie (Carinthie et Carniole), la Croatie,
jusque sur les bords de l’Adriatique, et passant même
au delà de la Save, elles essaimèrent des tribus, telles des
Serbes, dans la Mésie et en Macédoine. Elles refoulèrent entre
leurs territoires et les bords de la Baltique septentrionale
d’autres tribus, également d’origine indo-européenne,
celles des Borusses des Lives et des Lithuaniens, dont
le rôle resta toujours effacé.
Ces diverses races ne s'étaient pas élevées jusqu’à la- con-
ception de l’État. Elles se groupaient en communautés de fa-
milles (zadrugas, dvorichés, vervs) formées chacune de 30 à 40
membres, au-dessus desquelles apparaissaient parfois, no-
tamment chez les Yougo-Slaves, des groupements plus éten-
dus, les brastvos, analogues aux gentes de Rome ou aux phra-
tries de la Grèce. Plus rapprochés de l’état patriarcal que les
Germains, les Slaves vivaient dans chaque famille sous l’au-
torité d’un chef ou ancien. La propriét éappartenait à la com-
munanuté familiale entière. Elle était indivisible et inaliéna-
ble. Letravail s*y faisait en commun. Le testament était in-
connu, de même que la propriété individuelle. Tout était en
communauté, même les meubles et les acquêts, fruits du
travail de l’individu. « En quelque lieu que soit conduite
la vache, disait le vieux proverbe slave, c’est toujours à
la maison qu’elle vêle. » Dans chaque famille. tons les