LES CAMPAGNES DANS L’ÈRE FÉODALE 165
la tenure roturière ou en vilainage suppose le maintien
de la propriété éminente, eu favenr du seigneur, mais aussi
la concession de la propriété utile au vilain franc. Cer-
taines terres sont même concédées en toute propriété, par
exemple en Allemagne, mais sans la charge du service
militaire. En général, les tenures des vilains francs sont
exploitées en vertu de baux réels ou fictifs de noms
variables, tels que les baux à cens, les précaires, les main-
fermes, les champarts, les complants, dont les conditions
sont très diverses. Les uns concèdent la terre à titre tem-
poraire ou viager, les autres à titre héréditaire. Il en est
qui confèrent au. vilain la propriété presque plénière,
comme la locatairie perpétuelle de Provence et le bail à
rente foncière. D’autres, comme le complant, stipulent
qu’après une période d’exploitation déterminée pour faire
des plantations, telles que des vignes ou des vergers, une
partie de la terre retourne au propriétaire, tandis que
l’autre devient, moyennant le paiement d’une rente fon-
cière perpétuelle, la propriété du paysan. Ti est des baux
(baux à cens seigneuriaux), et c’est le plus grand nombre,
qui attribuent l’usufruit perpétuel au vilain, sans lui
donner la propriété, tels que la locatairie perpétuelle du
Languedoc, la métairie perpétuelle de la Marche Limou-
sine, l’albergement du Bugey, de la Savoie, du Dauphiné,
la mainferme du Nord de la France et de la Belgique,
le bordelage du Nivernais et d’Auvergne, le fiefferme de
Normandie. Il y à enfin des baux, qui associant plus inti-
mement propriétaire et exploitant, assurent au premier,
au lieu d’un cens ou rente fixe, une part variable (cham-
part) dans le produit annuel de l’exploitation du vilain.
Quand le seigneur accueille sur son domaine des défri-
cheurs, il traite avec eux et le bail prend le nom d’hostise ;
il stipule, comme le champart, sur la terre ou la maison
soncédée, le paiement au concédant d’un revenu (cens)
variable. Dans l’ensemble, les tenures en vilainage forment
deux vastes catégories. Les unes, précaires, emphytéoses,