LE MONDE BARBARE 15
paresse et leur ignorance ne savaient tirer de la culture
du sol que de pauvres récoltes de céréales, de seigle,
d'avoine, d’orge, de fèves, de lentilles et de lin au moyen
de l’écobuage, du travail à la houe et à la 'charrue de bois.
La terre vite épuisée, où l’on ne pratiquait que l'as-
solement triennal avec la jachère, sans amendements,
ne donnait que des rendements incertains. La coutume
des partages périodiques y empêchait toute améliora-
tion: Sauf au voisinage de l’Empire, les Germains n’avaient
ni jardins, ni vergers, ni vignobles. Leur industrie rudi-
mentaire ne s’exerçait que dans le milieu familial ou local;
elle se bornait à fournir aux besoins élémentaires de la vie.
Elle était le plus souvent abandonnée aux femmes et aux
serfs qui broyaient les céréales, au moulin à bras, qui bras-
saient la bière, qui filaient et tissaient à chaque foyer la laine
et le lin. Chez quelques peuples seulement existaient des
artisans libres, tels que les charpentiers burgondes. Un
petit nombre seulement de produits, draps de Frise, toiles
et voiles de Thuringe et de Saxe, étaient fabriqués en assez
grande quantité pour servir aux échanges extérieurs.
On exploitait aussi en Germanie d’une manière toute
primitive des salines et des mines de fer, mais les métaux
ouvrés communs étaient si rares qu’on usait encore, par-
fois d’instruments et d’armes de pierre. On ne connaissait
qu’une poterie grossière. C’est seulement dans le travail
du bronze et de l’orfèvrerie que commençait à se mani-
nifester quelque effort artistique de la part des ouvriers
Germains.
Ces barbares pratiquaient des échanges avec les nations
voisines, surtout avec les marchands romains, auxquels
ils achetaient sur les bords du Rhin et du Danube, du vin,
des étoffes, des armes, en retour des produits de la chasse
et de l’élevage. Mais ils ignoraient presque le crédit et la
monnaie. Ils pratiquaient dans toute sa simplicité le
système du troc ou des échanges en nature. Le commerce
était entouré de périls. Le marchand étranger traité en