CONDITION DES CLASSES RURALES 319
de manouvriers ou travailleurs (laborers) en Angleterre,
de koppers aux Pays-Bas.
Souvent comme les Koisaten d’Allemagne, les cossaies
flamands, wallons ou britanniques, ils ont une cabane
(cottage, Kkôte), un petit lopin de terre, quelques têtes
de bétail, mais ils sont forcés de louer leurs bras
pour se procurer le supplément de ressources néces-
saires à la vie. Beaucoup d’autres sont totalement
dénués de capital foncier et ne vivent que de la location
de leur main-d’œuvre. Mais ils ont les uns et les autres,
qu’ils travaillent à la journée ou à la tâche, le grand avan-
tage de disposer librement de leur personne, de débattre
les conditions de leur salaire et de n’engager leur travail
que pour une minime durée.
Plus stable, mais moins indépendante, fut la situa-
tion d’une autre catégorie de salariés qui se constitua
alors également, celle des domestiques agricoles, qu’on
nommait les valeis, les servants (servientes) ou servi-
teurs et les servantes. De plus en plus, on choisit
parmi les personnes de condition libre, qu’elles fus-
sent entièrement dénuées de propriété ou non, le per-
sonnel indispensable aux domaines exploités directement
ou à l’entreprise : bouviers, charretiers, chevriers, bergers
et bergères (pastoures), porchers, servantes de ferme. On
les engageait au mois, surtout à-l’année. On trouve en
Normandie des domestiques qui se louaient pour neuf ans
entiers. Ils vivaient dans une dépendance étroite à l’égard
du propriétaire, qui exerçait sur eux une autorité étendue
et même une justice assez voisine de celle du maître absoiu
d’autrefois, sans que toutefois cette subordination allât
jusqu’à leur faire perdre leur liberté.
La survivance du servage et de l'esclavage. — Petits
propriétaires, tenanciers censitaires, fermiers et métayers,
salariés agricoles, formèrent dès lors les diverses caté-
gories, distinctes par la fortune, mais toutes pourvues