68 LE TRAVAIL PENDANT LE HAUT MOYEN AGE
des esclaves. Depuis le vrrre siècle, Thessalonique et
Byzance voient affluer par les voies fluviales et les grandes
routes les trafiquants slaves, bulgares, magyars qui y
débitent le lin, le miel, le poisson salé, le bétail, les peaux,
les cuirs, les fourrures, le fer et l’acier mi-ouvrés. De l’Ita-
lie, de la Germanie, de l'Espagne, de la Gaule, arrivent
dans les ports et entrepôts byzantins les métaux bruts
ou ouvrés, les laines brutes, les toiles de chanvre ou de
lin, les lainages communs, les tapis grossiers. Comme
autant d’affluents, ces courants commerciaux convergent
vers le vaste empire pour grossir l’immense mouvement
d’échanges qui &’y concentre.
Activité et prospérité de la vie urbaine dans l'empire
byzantin. — Les ports offrent le spectacle d’une prodigieuse
activité. C’est le commerce qui entretient, de concert avec
l’industrie, cette vie urbaine, dont l’Orient a conservé le
privilège. L’empire byzantin est couvert de grandes cités
industrielles et marchandes, dont l'animation frappe
d’étonnement les Occidentaux. C’est d’abord Constan-
tinople, la plus belle cité de l’univers, « celle qui, de toutes
les autres est souveraine », de l’aveu de Villehardouin ;
la ville des merveilles « la plus riche qui soit au monde
et qui détient les deux parts (tiers) de l’avoir de l’univers »,
d’après Robert de Clari. Elle est l’entrepôt du commerce
mondial. Navires et caravanes se dirigent Vers ses rades.
Dans les bazars de ses rues centrales, c’est un entassement
prodigieux des produits du monde entier ; ses quais et
ses docks regorgent de marchandises. Une forêt de Vais-
seaux se range le long de ses quais. Une foule immense
emplit ses quartiers. Dans ce foyer de richesse et de luxe,
qu’embellissent tous les dons de la civilisation, vivent un
million d’hommes, la plus forte agglomération du moyen
âge. On y compte jusqu’à 7 0.000 Barbares. Mais son aspect
de cité cosmopolite et ses bas-fonds de cité levantine
n’altèrent pas sa physionomie de ville des élégances et du