134 LE TRAVAIL PENDANT LE HAUT MOYEN AGE
matières précieuses, mais encore le verre et le grenat, qu’on
enchâsse dans l’or (rerroterie cloisonnée), ou l’émail dont on
orne les creux des métaux, Des graveurs sur pierres fines,
des bronziers, des ivoiriers, des monétaires en petit nombre
essaient aussi d’imiter en Occident les procédés de l’art
byzantin. Enfin une foule d’artistes groupés, dans les
cloîtres irlandais, anglais, français, allemands, italiens,
spécialement à Jona, à Armagh, à Jarrow, à Lindisfarne,
à Saint-Martin de Tours, à Reims, à Saint-Denis, à Fulda,
à Saint-Gall, à Bobbio, copient les manuscrits et les
décorent de miniatures, ou les ornent de lettres d’or sur
fond de pourpre, pour les collections princières, épisco-
pales et monastiques. Mais toutes ces manifestations des
arts ne suffisent point à déterminer l’essor d’une véritable
industrie, travaillant pour les grands marchés de consom-
mation et camable d’approvisionner un trafic étendu.
Le commerce en Occident. Sa renaissance à l'époque carolin-
gienne. — Les échanges, gravement atteints par les invasions
barbares, ont repris une certaine activité entre le vir® et
le 1x°© siècle, mais cette activité est restreinte. Le négoce,
comme aux époques de civilisation peu avancée, où l’on
comprend mal l’utilité des rapports commerciaux con-
fiés aux intermédiaires, est peu considéré. Le mar-
chand passe souvent, à l’époque carolingienne, pour un
parasite et pour un fraudeur. La plupart des produits se
consomment sur place ; dans beaucoup de cas l’interven-
tion du commerçant n’est pas nécessaire. Le trafic se
réduit fréquemment au troc de produits naturels, dont les
lois déterminent parfois la valeur réciproque, comme s’il
s'agissait d’une monnaie. On n’y distingue paî le mar-
chand (kaufmann) du cultivateur, l’échange se faisant
directement entre producteurs. On à observé, par exemple,
que les lois anglo-saxonnes ne font pour ainsi dire pas
mention du commerçant. Dans cet état de civilisation,
1*ntervention du commerce n’est nécessaire que pour les