Full text: Le travail dans l'Europe chrétienne au moyen âge (Ve-XVe siècles)

LE MONDE BARBARE 11 
peuples établis depuis la mer du Nord jusqu’au Bhin et au 
Danube supérieur, Saxons, Frisons, Longobards, Burgondes, 
Boiovares, Thuringiens, Frances et Alamans. Sur et espace 
étendu, à peine comptait-on aux siècle 2 à 3 millions de 
ces Barbares, et probablement 4 millions à la fin du IVE, 
Les plus nombreux, les Ostrogoths, ne groupaient guère 
plus de 300.000 âmes, les Visigoths 200.000 environ, de 
même que les Alamans, les Vandales 80.000, les Francs et 
les Burgondes moins encore, ainsi que les Lombards. Les 
guerres incessantes, les famines, les difficultés de la vie 
matérielle, l’exposition des enfants, l’infanticide, le taux 
élevé de la mortalité empéêchaient la croissance d’une race 
que la nature avait faite prolifique. En général les Ger- 
mains, étrangers à l’idée de nation ou d’État, ne formaient 
que des groupements temporaires ou confédérations guer- 
rières. Les seuls éléments stables qu’ils connaissaient étaient 
les tribus (Vôlker, civitates), comptant 10 à 20.000 membres, 
composées ‘elles-mêmes d’un agrégat de communautés de 
villages (gemeinde), de familles et de classes (genealogiæ, 
propinquitates), celles-ci peut-être d’origine militaire, 
réparties en quelques milliers de cantons (pagi, gauen). 
En dehors de l'autorité illusoire des rois, il n’y avait guère 
de pouvoir effectif que celui des chefs militaires, « des 
seigneurs de la guerre » élus, (Kriegsherren, Herzogen) et des 
chefs de bandes, autour desquels vivait volontairement 
un cortège de clients (comitatus), attachés à leur fortune. 
Point de noblesse héréditaire, mais une masse d'hommes 
libres qui se réunissaient en assemblées pour délibérer sur 
les affaires communes et pour choisir les rois, les chefs 
de guerre et les chefs de villages (principes). 
Dans cette démocratie tumultueuse, où se développait 
une aristocratie militaire, la cellule la plus vivante était 
la famille patriarcale fondée sur les liens du sang (hauss- 
genossenschaft, jara, consorteria). Tous les -membres en 
étaient solidaires. Ils vivaient dans l’indivision ; ils possé- 
daient en commun un patrimoine inaliénable. Formées
	        
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