316 L’APOGÉE DU TRAVAIL MÉDIÉVAL
du Nord durent se préoccuper de faciliter par des échanges
le remembrement de la petite propriété.
Les nouvelles catégories d'exploitants. Les entrepreneurs
de culture ou fermiers. — Parmi les populations rurales se
formèrent bientôt, à l’époque de l’émancipation, de nou-
velles catégories d’exploitants, distinets des petits propri-
Étaires libres et des tenanciers censitaires. Elles ne formè-
rent d’abord que des minorités restreintes, qui comprirent
les fermiers, les métayers et les salariés agricoles.
Le fermage, c’est-à-dire l’entreprise de culture, permit
à des ‘paysans de caractère indépendant et énergique,
pourvus de quelques capitaux et soucieux de garder
leur liberté, d’essayer, moyennant le paiement d’un
revenu déterminé au propriétaire, d’obtenir du sol
des rendements dort ils prélevèrent la meilleure part.
De leur côté, les possesseurs conservaient la propriété
entière de la terre affermée, pouvaient participer à
la plus-value du capital foncier et ne risquaient pas les
aventures du faire-valoir direct ou les surprises que les
accensements leur'avaient souvent réservées. Le fermage
apparut surtout dans les régions d’agriculture avancée,
dès le x11° siècle en Italie, au x1r1® dans les Pays-Bas, la
France du Nord, la Catalogne et le Roussillon. Il ne se
répandit qu’avec lenteur dans la plus grande partie de
l’Occident avant le xrve siècle,
Ce fut un système d’entreprise spéculative à laquelle
participèrent les bourgeois des Yilles, aussi bien que
les paysans qui prenaient ainsi à forfait l’exploi-
tation des domaines ecclésiastiques et seigneuriaux,
moyennant l’obligation de les mettre en bon état,
d’y réaliser les améliorations utiles et de payer en
argent ou en nature une part déterminée du produit
(appelée canon en Italie). Cette part variait en Toscane,
du tiers pour les céréales, au dixième ou au onzième pour
le vin, les olives et les fruits. Le propriétaire fournissait