50 LE TRAVAIL PENDANT LE HAUT MOYEN AGE
La moyenne et la petite propriété libre en Orient, la
classe des petits propriétaires. — Malgré les progrès de
la puissance territoriale de l’Église et de la noblesse, la
petite propriété lïbre se maintint en Orient bien mieux
qu’en Occident, au grand avantage de l’équilibre de la
société byzantine. A côté de la bourgeoisie urbaine qui
possédait dans la banlieue des villes, ‘des propriétés
plus ou moins étendues, il y avait en effet dans
l'empire une classe moyenne de propriétaires ruraux
libres, qui détenaient encore une part importante, des
terres. En première ligne se plaçaient parmi eux, les
soldats (stratiotes) que l’État, aux dépens du domaine
public, des biens en deshérence ou des domaines conquis,
pourvoyait d’espèces de fiefs ou de bénéfices (pronoiai),
à charge perpétuelle du service militaire pour eux et leurs
descendants mâles. En Péloponèse, il existait près de
3.000 de ces fiefs; au x° siècle, îls étaient au nombre de
58.000. Lies petits propriétaires militaires exploitaient eux-
mêmes ou faisaient exploiter ces domaines (stratiotika ktema-
ta) d'étendue restreinte, qui continuaient à faire partie des
terres de l’État (gé basiliké), mais ils en avaient l’usufruit.
La déchéance n’était encourue que dans le cas où le déten-
teur cessait de remplir ses obligations militaires, ou dans
celui où il avait subi une condamnation infamante, ou bien
encore, quand il laissait dépérir son fiet. Mais s’il n’était
pas permis à ces bénéficiers d’aliéner leurs domaines. Ils
pouvaient les trangmettre à leurs familles et ils y exer-
saient les droits réels de propriété.
Auprès d’eux, se plaçaient d’autres petits propriétaires li-
bres, qui exploitaient seuls, ou avec le concours de colons, ou
encore associésavec desmétayers auxquelsilsabandonnaient
le tiers de la récolte, les biens, jardins, champs, vignes, prai-
ries, dont ils avaient la pleine propriété. Ils étaient astreints
à payer l’impôt au fise, la dime au clergé, parfois quelquesre-
devances aux grands. Ils avaient des droits d’usage sur les
bois et pacages communaux. Groupés en communes agri-